Intellectuals and dictatorships: the case of Antoine Sfeir

In the long history of public intellectuals using their pulpits to defend the indefensible (more often than not, for direct personal gain rather than any error in judgement), Arab intellectuals of the second half of the twentieth century will occupy a special place. Arab dictators — as well as their foreign supporters — have spent a considerable amount of money in buying favorable views from opinion-makers, columnists, activist-intellectuals and others over the years. Saddam Hussein was perhaps most notorious for doing this, but he is joined with more discreet dictators such as Morocco’s kings, Algeria’s generals, Libya’s Muammar Qadhafi and countless others. And then you have the Saudi media machine, a huge formation indeed that goes through the heart of what passes as quality journalism in the Arab world (and one that is influential even inside non-Gulf countries: just ask Al Ahram’s Ibrahim Nafie how well he gets on with this or that Emir.) A more interesting sideshow is the growing Saudi-Qatari media battle, with Al Jazeera walking an unpredictable line between total subservience to the Emir of Qatar, a fair amount of editorial independence by any Western corporate standard, and at least two wide intellectuals schools of thoughts among its key staff (Arab nationalism and Islamism, in various forms.)

This an enormously complicated subject, but one thing that has always enraged me is those intellectuals and journalists that defend Tunisia’s Ben Ali, a police state that takes the worst aspect of police culture (corruption, violence, mediocrity) as the motus operandi of the state. In his interesting Middle East-centered blog on the Monde Diplomatique website, Alain Gresh rips a new one in Antoine Sfeir, a France-based Lebanese author who passes as respectable in most of the region and contributes for some prestigious magazines. For me, no longer:

Le régime tunisien dispose, depuis de longues années, de nombreux thuriféraires en France. Le premier est sans aucun doute le président de la République Jacques Chirac – ainsi déclarait-il au cours de sa visite officielle en Tunisie, début décembre 2003 que « le premier des droits de l’homme c’est manger, être soigné, recevoir une éducation et avoir un habitat, ajoutant que de ce point de vue, il faut bien reconnaître que la Tunisie est très en avance sur beaucoup de pays » (Lire la réaction de la Ligue des droits de l’homme à ces propos). Jacques Chirac n’a pas le monopole de cette complaisance et des responsables politiques, de gauche comme de droite, n’hésitent pas à chanter les louanges du régime de Zine Abidin Ben Ali.

C’est le cas aussi de certains « intellectuels », comme le prouve un des derniers ouvrages d’Antoine Sfeir, intitulé Tunisie, terre des paradoxes, qui vient de paraître aux éditions de l’Archipel. Le degré de flagornerie à l’égard du chef de l’Etat tunisien y est assez exceptionnel. Ben Ali est ainsi décrit comme réunissant « en sa personne toutes ces compétences. D’une part, elles lui permettent de se montrer plus efficaces, et les résultats obtenus plaident en sa faveur ; d’autre part, la réunion de ces compétences en un seul homme évite de les voir entrer en conflit. » (p. 213)

Le régime est-il policier ? Citant un rapport du département d’Etat, l’auteur affirme que la Tunisie compterait entre 450 et 1000 prisonniers, dont très peu ont été condamnés pour des actes de violence. « On peut le déplorer, certes », précise-t-il. « Mais que penser du Patriot Act ? Faudrait-il accepter que les Etats-Unis se protègent contre l’islamisme et non la Tunisie, où le danger est pourtant bien plus réel et pressant : tentatives de coup d’Etat, assassinats, attentats – dont celui de la synagogue de Djerba – et volonté affichée de renverser le régime pour y instaurer, par la force et la terreur, un Etat dépourvu de toute liberte ? » Etrange raisonnement, puisque l’auteur lui-même affirme que les prisonniers ne sont pas inculpés pour des actes de violence… D’autre part, qui approuve le Patriot Act ? (lire p. 13)

« Autre accusation, poursuit Sfeir : le régime tunisien est un régime policier. Actuellement, il ne l’est pas plus que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, ou même la France » Il suffit de lire n’importe quel rapport d’Amnesty International, de Human Rights Watch, ou de savoir que, depuis l’arrivée de Ben Ali au pouvoir le nombre de policiers a quadruplé, pour mesurer le sérieux de cette affirmation.

I’ll just translate that last line so you get the flavor:

“Another accusation,” continues Sfeir, “is that the Tunisian regime is police state. In fact, it is no more a police state than the United States, Great Britain, or even France.” It is enough to read any Amnesty International or Human Rights Watch report to know that since Ben Ali’s rise to power the number of police officers has quadrupled, and measure the seriousness of [Sfeir’s] commentary.

It is incredible how many defenders of the Tunisian regime — which has bought off many Arab and European newspapers of note (the Americans just don’t care) — there still are in French policy and intellectual circles. I can hardly go to a French diplomatic function without getting into an argument about Tunisia — which like Morocco’s kings and Lebanon’s late Rafiq Hariri have a long history of bankrolling the presidential campaigns of Jacques Chirac. Antoine Sfeir now joins the ranks of the defenders of some of the world’s most odious dictatorships. I hope his payoff was worth it.

0 thoughts on “Intellectuals and dictatorships: the case of Antoine Sfeir”

  1. want some more ?

    «L’enjeu, pour la Tunisie , écrit-il, est de taille, puisque l’homme qui préside aux destinées de ce pays, Zine El Abidine Ben Ali, venu au pouvoir à la veille d’un coup d’Etat islamiste planifié, prenait en main “ un régime à l’agonie â€� comme l’écrit un analyste tunisien, pour tenter d’en faire un pays moderne où tous les citoyens, hommes et femmes, jouissent des mêmes droits et ont les mêmes droits».

    «A la place de la société obscurantiste que les islamistes voulaient établir, Ben Ali a fait émerger un pays nouveau, bâti sur cette vieille tradition d’ouverture et de progrès illustrée par Kheireddine Ettounsi (…) Peu dotée par la nature de ressources minières ( la Tunisie ) avance quand même, parce que son Président a parié sur les capacités et la volonté des Tunisiens, et non sur une hausse des cours du pétrole».

    i never found sfeir very clever, now i find him dangerous. or maybe has he gone mad. we don’t need such “intellectuals” to copy/paste state propaganda.

  2. Yes. From the ‘revolutionary legitimacy’ that every coup coasts on as long as it takes; to “no voice should rise over the voice of the battle” when the ‘revolutionaries” chutzpah backfires; to today’s defiance to the Western agenda in the region that renders any internal plea for change, at the very least, unpatriotic. But, given the masses’ indifference, cynicism, passiveness and religious trance, the regimes’ relentless dictatorship and the suspiciousness of ‘foreigners’ and the stigma of enjoying their support, isn’t it a real muddle for the Arab intellectual?

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